L’écrivain en 1998.
Photo Samuel Leyris (tous droits réservés).

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Biographie

Naissance le 21 juillet 1920, à Tlemcen, dans une famille cultivée d’artisans. Son grand-père et son grand-oncle paternels, les frères Ghouti Dib et Mohammed Dib ont été des maîtres de la musique arabo-andalouse tlemcénienne.

En 1924, un grave accident à une jambe l’immobilise pendant un an au lit. En 1931, à onze ans, il perd son père, décédé d’une pneumonie. Sa mère reste veuve avec six enfants, dont il est l’aîné.

En 1932, entrée au collège de Tlemcen, puis, en 1935, au lycée d’Oujda (Maroc) où il obtient son baccalauréat en 1938. Il exerce dans la foulée comme instituteur pendant une année à Zoudj-el-Beghal, près de la frontière marocaine. En 1940, il est requis civil au Génie, à Tlemcen. En 1942, il se rend à Alger où il obtient un poste d’interprète-rédacteur français-anglais auprès du service Prêt-Bail. Retour en 1944 à Tlemcen, où il exerce différentes professions : comptable, dessinateur de maquettes de tapis, précepteur.

En 1948, il est invité en 1948 aux rencontres littéraires de Sidi Madani, près de Blida, organisées par les Mouvements de la jeunesse. Des écrivains venant de la « Métropole » et des écrivains ou intellectuels algériens y sont invités pour de courtes résidences. Mohammed Dib y fera la connaissance, notamment, d’Albert Camus, de Louis Guilloux, du philosophe Brice Parain, de Jean Sénac, avec lesquels il gardera des liens d’amitié. Il y rencontre aussi Jean Cayrol qui lui fera bénéficier par la suite de solides appuis aux Éditions du Seuil.

En 1950, nouveau séjour à Alger où il travaille pendant deux ans comme rédacteur-reporter au journal Alger-Républicain. Il fréquente Jean Sénac, Kateb Yacine, se lie avec le libraire et éditeur Edmond Charlot, avec Emmanuel Roblès avec lesquels il collabore à différents projets de revues : Soleil, Forge, Terrasses…

En 1951, il se marie avec Colette Bellissant, la fille de son ami, l’instituteur Roger Bellissant. Dès la parution de son premier roman, en 1952, alors qu’il est de retour à Tlemcen, son talent est reconnu et, lorsqu’en 1959, il quitte sa terre natale pour la France, il représente déjà, aux yeux de l’intelligentsia française, l’une des consciences vives de l’Algérie en lutte pour son indépendance. Il s’installe définitivement en France, tout d’abord à Mougins, puis, en 1964, dans la Région parisienne.

À partir de 1970 il se met à voyager, tout d’abord en Russie et dans les pays de l’Est, où il est invité, puis en 1974 aux États-Unis où il enseigne comme Regent’s professor à l’université de Los Angeles (UCLA). En 1975, il est invité, avec le poète Eugène Guillevic, aux Rencontres littéraires de Lahti, en Finlande ; il y effectuera de nombreux séjours par la suite, notamment comme traducteur de poésie finlandaise. Plusieurs de ses romans portent une forte empreinte de sa vie en Finlande.

Il collabore régulièrement à des revues et journaux, en particulier Les Lettres Françaises, journal dirigé par Aragon qui l’a soutenu à son arrivée en France et qui a préfacé son premier recueil de poésie. De 1983 à 1986 il enseigne l’écriture littéraire à la Sorbonne.

Écrivain complet et prolifique, Mohammed Dib s’impose, au fil du temps, aussi bien dans la poésie, le roman, la nouvelle, le conte, travaillant simultanément ou en alternance dans chacun de ces genres. De nombreux prix récompensent son œuvre. Le Grand prix de la Francophonie de l’Académie française lui est décerné en 1994, attribué pour la première fois à un écrivain maghrébin.

Il s’éteint à son domicile le 2 mai 2003 à 83 ans, quelques mois après la parution de ses deux nouveaux livres : L.A. Trip (La Différence), un roman en vers, et Simorgh (Albin Michel) où se mêlent nouvelles et courts essais. Travaillant jusqu’aux derniers jours, il venait d’achever sa nouvelle Laëzza, qui donnera son titre au livre posthume publié en 2006 chez Albin Michel.

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